La carte de Gough, conservée à la bibliothèque Bodléienne d’Oxford, est une œuvre majeure de la cartographie médiévale britannique. Datée approximativement de 1360, elle est la plus ancienne carte connue à représenter de manière précise les routes et les côtes de la Grande-Bretagne. Véritable trésor historique, cette carte ancienne de l’Angleterre offre un aperçu unique de la géographie et de la culture du XIVᵉ siècle. Dans cet article, nous explorerons en profondeur l’histoire de la carte de Gough, les détails de sa conception et les nombreux éléments fascinants qu’elle révèle.
L’histoire exceptionnelle de la carte de Gough
La carte de Gough tire son nom de Richard Gough, un antiquaire britannique du XVIIIᵉ siècle. Ce dernier a acquis la carte en 1774 lors d’une vente aux enchères pour la modique somme de deux shillings et six pence. En 1809, il en fit don à la bibliothèque Bodléienne d’Oxford, où elle est aujourd’hui conservée.
Les chercheurs situent sa création autour de 1360, bien que certains indices suggèrent que des informations présentes sur la carte pourraient remonter à 1280. Les changements de noms de lieux et les modifications apportées au fil du temps témoignent d’un processus évolutif, où la carte aurait été enrichie et mise à jour au fil des décennies.
Un détail clé permettant de dater la carte est la mention des murailles de la ville de Coventry, construites en 1355, ainsi que le changement de nom de certaines villes, comme Sheppey, devenue Queenborough en 1366. Ces repères temporels offrent un aperçu précieux de l’Angleterre médiévale.
La conception de la carte de Gough : un chef-d’œuvre technique
La carte de Gough mesure environ 115 cm de large sur 56 cm de haut. Elle est réalisée sur deux morceaux de parchemin en peau de mouton, cousus ensemble à l’origine par des points visibles. Cette méthode de couture interrompt parfois l’application de la peinture verte représentant les mers, indiquant que l’assemblage des morceaux a été réalisé avant la peinture. Aujourd’hui, les morceaux sont simplement collés.
L’orientation de la carte place l’est en haut, comme de nombreuses cartes médiévales. Les villes y sont représentées par des vignettes colorées, souvent surmontées de toits rouges, tandis que les routes reliant ces villes sont dessinées en lignes rouges avec des chiffres romains indiquant les distances. Cette caractéristique était novatrice pour l’époque et rendait la carte particulièrement utile pour les marchands, les pèlerins et les voyageurs.
Parmi les éléments les plus remarquables, la ville de Londres se distingue par son niveau de détail : ses toits bleus, ses fenêtres rondes et ses flèches dorées témoignent de son importance en tant que centre politique et économique de l’Angleterre médiévale.
Les rivières, peintes en vert, apparaissent disproportionnées pour souligner leur importance en tant qu’axes de transport et ressources naturelles essentielles. Le soin apporté aux éléments topographiques et architecturaux illustre une volonté de créer une œuvre à la fois esthétique et fonctionnelle.
Les éléments fascinants de la carte de Gough
La richesse de la carte de Gough réside dans ses nombreux détails, qui révèlent des aspects géographiques, culturels et historiques de l’Angleterre médiévale.
Les routes et distances
La carte est la première à montrer un réseau routier clair. Les lignes rouges qui relient les villes indiquent les principales routes utilisées à l’époque, accompagnées de chiffres romains précisant les distances. Ces routes, essentielles pour le commerce et les pèlerinages, montrent à quel point cette carte ancienne de l’Angleterre était avant tout un outil pratique.
Les villes et villages
Chaque ville est représentée par une vignette colorée. Les grandes villes comme Londres, York ou Oxford se distinguent par des détails plus élaborés. À Londres, les toits bleus et les flèches dorées symbolisent la richesse et l’importance de la capitale.
Les rivières et mers
Les rivières et les mers sont peintes en différentes nuances de vert, créant un contraste visuel avec le reste de la carte. Cependant, la région au nord du mur d’Hadrien est moins détaillée, utilisant une encre plus claire qui donne à cette zone une apparence inachevée. Cette différence reflète peut-être un manque de connaissances ou un intérêt moindre pour ces territoires éloignés.
Les éléments symboliques
La carte comprend également des éléments symboliques, tels que des représentations d’îles et de pêcheurs, bien que certains d’entre eux manquent de contours précis. Ces détails renforcent l’idée que la carte servait autant à illustrer une vision globale de l’Angleterre qu’à fournir des informations pratiques.
Pourquoi la carte de Gough est-elle un trésor historique ?
La carte de Gough est bien plus qu’un simple document cartographique. Elle est une fenêtre sur le XIVᵉ siècle, reflétant la façon dont les habitants de l’époque percevaient leur monde.
Son importance réside dans plusieurs aspects :
• Elle est la première carte ancienne de l’Angleterre à montrer un réseau routier détaillé.
• Elle combine des éléments pratiques, comme les distances et les routes, avec des aspects artistiques, comme les vignettes colorées et les représentations topographiques.
• Elle témoigne de la richesse des connaissances médiévales en matière de géographie, tout en reflétant les limites de ces savoirs dans certaines régions, comme le nord de l’Écosse.
Conservée à la bibliothèque Bodléienne d’Oxford, la carte a fait l’objet de restaurations minutieuses pour préserver ses détails uniques. Elle est également accessible en ligne grâce à une version interactive, permettant au public de découvrir ce trésor depuis n’importe où dans le monde.
Conclusion : La carte de Gough, un héritage intemporel
La carte de Gough est un chef-d’œuvre de la cartographie médiévale, à la fois pratique et artistique. En tant que carte ancienne de l’Angleterre, elle offre un aperçu unique de l’histoire, de la géographie et des infrastructures de la Grande-Bretagne au XIVᵉ siècle.
Pour les amateurs de cartographie et d’histoire, cette carte est une source inestimable de connaissances. Elle témoigne du génie des cartographes médiévaux, capables de combiner art, science et observation pour créer une œuvre qui continue de fasciner des siècles plus tard.