Détail d'une carte du Service Vicinal

La Carte du Service Vicinal : Plongée au coeur de la cartographie française

La cartographie française a connu une transformation majeure avec l'introduction de la carte du Ministère de l'Intérieur, souvent désignée sous le nom de carte du Service Vicinal. Succédant aux célèbres cartes de Cassini et à la Carte d'État-Major, elle représente un tournant crucial dans la production cartographique française. Lancée à la fin du XIXe siècle, cette carte se distingue par son esthétique, sa praticité et sa modernité, répondant aux besoins civils et administratifs de l'époque.

La carte du Service Vicinal, une réponse aux limites de la carte d'État-Major

Historiquement, la production cartographique en France a été la chasse gardée du Dépôt de la Guerre, et donc axée sur les besoins militaires. Cependant, vers la fin des années 1870, les déficiences de la carte d'État-Major se révèlent, notamment critiquées pour son échelle trop grande et ses hachures rendant la lecture difficile.

Après l'échec de la Guerre franco-prussienne et donc la baisse de l'influence du Ministère de la Guerre, les Ministères de l'Intérieur et des Travaux Publics prennent l'initiative en 1878 de créer une nouvelle carte, mieux adaptée aux utilisations civiles : la carte du Service Vicinal.

Carte du Service Vicinal de Cherbourg

Carte du Service Vicinal de Cherbourg (IX-10)

La réalisation de la carte du Service Vicinal

La création de cette carte fut placée sous la direction d’Édouard Antoine, Ingénieur-Chef au Ministère de l'Intérieur. Avec une équipe dédiée à ce projet, ils ont utilisé les informations les plus précises à leur disposition, tirant une grande partie des données de la carte d'État-Major. Les agents communaux rattachés au Ministère de l'Intérieur étaient responsables de la collecte des données sur le terrain, notamment concernant le statut des routes, ce qui justifie le nom de "carte du Service Vicinal".

Chaque carte portait le nom de la localité la plus importante qu’elle représentait et était numérotée selon sa position sur le tableau d'assemblage par le numéro de sa colonne (de II à XXXI) et de sa ligne (de 4 à 43).

Une innovation notable fut l’utilisation de quatre couleurs différentes pour améliorer la clarté : vert pour les forêts, bleu pour l'hydrographie, rouge pour les zones peuplées et les voies de communication, et noir pour les autres détails.

La carte du Service Vicinal en quelques chiffres

  • Échelle 1:100 000 : Simplifiant la représentation, 1 cm sur la carte équivaut à 1 km sur le terrain.
  • 587 feuilles : Le nombre total de feuilles nécessaires pour couvrir la France entière.
  • 28 x 45 km : Chaque feuille couvre une zone de 28 x 45 km, permettant une vue détaillée et exhaustive du territoire.

Conclusion

Comme toute carte, elle a été rendue désuète par le temps, les évolutions des techniques, du territoire et des besoins. Les dernières impression de la carte du Service Vicinal datent des années 1930 et elle reste en service jusqu'aux années 1950. Date à laquelle le tout jeune Institut Géographique National (IGN) s'engage dans la publication d'une nouvelle carte de France à l'échelle 1:100 000. Cet héritage cartographique demeure un exemple éloquent de la réponse aux besoins changeants d'une nation et continue de fasciner les passionnés de l'histoire de la cartographie française.
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